Vie de Saints et de Héros

SAINT MARTIN

On a dit avec raison que saint Martin est le grand saint national de notre première race, saint Pierre celui de la seconde, saint Denis celui de la troisième. Il est certain que la chape de saint Martin nous a tenu lieu de drapeau national pendant les vie, viie et viiie siècles, et c’est devant elle que se prêtaient alors les serments solennels.

C’est également sur le tombeau du grand thaumaturge de Tours que Clovis alla se prosterner, au moment de se faire baptiser. Le roi des Francs était bien inspiré. Sans l’effort de saint Martin et s’il n’avait pas déblayé le sol gaulois du paganisme qui le déshonorait, cette conversion de Clovis eût peut-être été impossible, et c’est par là qu’on peut dire que saint Martin, avec saint Remi a été le « baptiseur » de la France.

L’Hagiographie n’occupe pas dans les hautes études de notre époque la place qu’elle devrait avoir, parce qu’on ne la considère pas assez comme une science rigoureusement historique et éminemment sociale. Les saints sont les vrais grands hommes, et la plupart ont été les vrais héros populaires; c’est le suffrage universel qui les proclamait à l’origine. Leur immense influence doit donc être mise en lumière, et au premier plan, si l’on veut avoir un tableau sincère et justement proportionné des siècles passés. Ils ont droit à une large place au soleil de l’histoire ; mais ils n’ont besoin que de la vérité, et j’ajouterai même que, la plupart du temps, leur physionomie apparaît plus belle et plus noble quand on la débarrasse des voiles brodés de la légende pour la contempler au grand jour de la critique. La société actuelle n’a pas moins à gagner que l’exactitude historique à l’étude approfondie de leurs actions. On nous instruit beaucoup trop longuement, j’allais dire trop exclusivement, des faits et gestes des hommes célèbres qui ont conquis des royaumes ou administré des États. Qu’en résulte-t-il ? C’est que chacun se croit appelé à régir les affaires de son pays, et que le moindre collé­gien émancipé, ne voyant pas de métier plus glorieux, prétend se mêler de leur conduite : aussi les ambitieux, les disciples de Machiavel, les politiciens de deuxième et de troisième caté­gorie sortent-ils de terre par milliers. Insensés, qui prétendent diriger un peuple, et ne savent même pas gouverner leur âme ! Qu’ils aillent donc à l’école des saints, et ils apprendront ce rudiment, cette base essentielle de toute science ; et au lieu de ces légions de génies incompris, incapables d’organiser quoi que ce soit, nous aurons des légions de chrétiens, infiniment plus aptes à former une société durable, bien disciplinée et vraiment civilisée.

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ISBN : 2-8162-0330-1
Nombre de pages : 682 (1 volume)
Format : 28.5x20.5
Type d'édition : Fac-simile
Langue : Français
Etat : Neuf

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