Jésus-Christ

LE CHRIST-ROI

Dom Jean de MONLEON

Avant toute chose, la monarchie du Christ demande que l’on rétablisse parmi les hommes le culte de Dieu et que l’on rende au Créateur du monde la place qu’il doit occuper dans la vie de ses créatures. On ne trouvera jamais de termes assez forts pour exprimer de quelle honte s’est marqué notre siècle, aux yeux de la simple raison, en prétendant ignorer Dieu. C’est en vain que l’on chercherait dans les époques les plus reculées de l’histoire ou parmi les peuplades les plus dégradées un exemple semblable. Ce Dieu dont les cieux annoncent la gloire, selon l’expression du Psalmiste Cæli enarrant gloriam Dei[1], ce Dieu que proclament et le soleil qui brille, et les oiseaux qui chantent, et les fleurs qui s’ouvrent ; ce Dieu que le mouvement des astres, la succession régulière des saisons et tout l’ordre extérieur de l’univers réclament impérieusement ; ce Dieu que notre cœur appelle plus avidement encore ; ce Dieu qu’en tout lieu et en tout temps les hommes ont reconnu et imploré ; ce Dieu dont les païens eux-mêmes ont entrevu parfois les splendeurs et les perfections infinies, la société moderne a prétendu l’ignorer et le faire disparaître du nombre des réalités, des choses qui sont, lui qui est par excellence : « Celui qui Est ». Notre siècle qui se croit un siècle de lumière et de progrès a édifié une science, une philosophie, une morale, une politique sans Dieu, comme si l’idée de Dieu n’était pas à la fois le fondement nécessaire et le couronnement de tout ordre et de toute vérité. Une telle aberration, il faut le dire, est inhumaine, monstrueuse et le monde moderne doit à sa propre dignité de réagir contre elle sans tarder.

Nous n’avons pas à insister ici sur une notion si évidente et si souvent proclamée. Mais, sans aller jusqu’à ce défi au bon sens que constitue l’athéisme officiel et déclaré, combien d’hommes sérieux, combien de chrétiens même se laissent pénétrer à leur insu par cet athéisme voilé qui se décore du beau nom de neutralité !

La neutralité se confond avec le laïcisme, que le Souverain pontife appelle « la peste de notre époque ». Beaucoup de nos contemporains, — même parmi ceux dont les intentions sont droites, pensent de bonne foi que la religion est affaire privée et que l’on peut s’accommoder de l’indifférence officielle en cette matière. À leur avis, tout est pour le mieux dès lors que les citoyens sont libres de pratiquer leur culte en leur particulier. Ils considèrent l’ordre temporel et l’ordre spirituel comme deux mondes juxtaposés, ayant chacun son indépendance et le droit de vivre sa vie. De là ces erreurs si profondément ancrées dans certains esprits en matière d’éducation, par exemple, ou sur la question du divorce : on admettra que les enfants reçoivent de l’État une instruction dans laquelle Dieu est ignoré, si l’on a la faculté de leur faire enseigner ailleurs les principes de la religion ; on trouvera étrange que l’Église ne laisse pas la société civile avoir son mariage, comme toute société religieuse a le sien ; et ainsi du reste.

De telles conceptions constituent de vrais outrages à la Divine Majesté. Elles méconnaissent le souverain domaine de Dieu sur toutes choses, et la dépendance absolue où se trouvent toutes les créatures par rapport à leur Créateur. Non, l’Église ne peut s’accommoder d’aucune doctrine politique ou sociale qui prétende traiter le monde présent comme un système fermé, un organisme indépendant, et considérer Dieu comme une simple hypothèse ; hypothèse possible, vraisemblable, séduisante, tant qu’on voudra, mais enfin hypothèse dont on pourrait à la rigueur se passer. L’Église ne peut accepter aucune doctrine qui ne pose pas Dieu comme principe et Dieu comme fin.

 

Tel doit être le premier résultat de la monarchie du Christ : ramener le monde à la pratique du commandement qui domine tous les autres :

 

Un seul Dieu tu adoreras

Et aimeras parfaitement.



[1] Ps. XVIII, 2.

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ISBN : 2-84519-999-6
Nombre de pages : 97 (1 volume)
Format : 14,5x20,5
Type d'édition : Fac-simile
Langue : Français
Etat : Neuf

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