LES MEILLEURES PAGES DE JOSEPH DE MAISTRE
Joseph de Maistre mourait, voilà plus de 188 ans. Tant d'années, c'est beaucoup plus qu'il ne faut, à l'ordinaire, pour que s'étende sur nous l'oubli, « le second linceul des morts ». Mais, en dépit du calendrier, pouvons-nous compter parmi les morts un homme dont la noble et originale physionomie n'a jamais disparu de notre horizon ; le penseur dont les idées ont dominé la marche du dix-neuvième siècle, tant il est vrai que, malgré les découvertes de la science et les inventions modernes, ce sont toujours les idées qui mènent le monde ; l'écrivain catholique dont les ouvrages, d'aspect sévère, et bien qu'ils ne soient jamais, ou trop rarement, recommandés par les programmes universitaires, s'imposent toujours à l'attention des vrais amis de notre langue ; l'Allobroge qui, chassé de chez lui et dépouillé de ses biens par la France et ne voulant pas, pour les reconquérir, dire adieu à sa petite patrie, n'en a pas moins parlé de notre pays, de son rôle et de sa mission divine, aussi bien que le meilleur des Français ?