ABRÉGÉ DES DEVOIRS DE L’HOMME, à l'usage de la jeunesse
Nouvelle édition fac-simile
à partir de celle de Bocquet, début XIXe.
"Ce n’est pas l’amour de la célébrité qui conduira ma plume. Si je puis favoriser et aider les personnes à qui la nature a donné une inclination particulière pour ce qui est vrai et pour ce qui est bon, je serai suffisamment récompensé de mes travaux.
Cicéron, dans son livre sur les devoirs de l’homme, a pris pour guide, comme il l’avoue lui-même, le célèbre Panætius, qui avait traité la même matière longtemps avant lui. Pour moi, je ne prends pour guide que la raison, quelque fois la religion, et toujours le jugement d’une conscience droite et dégagée des passions. Premièrement, parce que les discussions interminables et souvent très obscures, de l’honnête, de l’utile et de l’injuste, employées par les sages de l’antiquité, ne seraient plus du goût de notre siècle. En second lieu, travaillant principalement pour les jeunes gens, je désire leur être utile, sans les fatiguer et les rebuter par des raisonnements dont le sérieux et la sécheresse leur ferait bientôt abandonner la lecture de mon ouvrage.
Je prends mon élève dès l’instant où il commence à réfléchir sur tout ce qui se passe sous ses yeux. Je le suis dans son éducation ; je lui montre les rapports qu’il a déjà ou qu’il peut avoir dans la suite avec ses semblables. Je lui fais connaître ses devoirs dans les différents âges de la vie et dans les différentes condition de la société ; et mon principal but est de lui prouver que son bonheur personnel dépend de sa fidélité à remplir ses obligations, et qu’en rendant heureux tout ce qui l’environne, il écartera de son âme le trouble, les remords et le chagrin."