DE LA RESTAURATION FRANÇAISE
« Nous arrivons à la dernière, à la plus redoutable crise, à celle où l’on cesse de parler du salut des institutions et des gouvernements pour ne s’occuper que du salut suprême de la Société. Les hommes de bonne volonté doivent se demander, où est la vérité ? L’ancien monde est aboli : la royauté est devenue un crime, la religion une étrangère, l’hérédité une injustice, la propriété un mal, et l’obéissance un affront... Deux principes se partagent les âmes : il faut savoir Si l’Église devra soumettre son opinion à l’opinion des hommes, ou Si les hommes devront se soumettre aux principes de l’Église ? Jamais question plus pressante et plus malheureuse n’a demandé l’attention des esprits. »
Méconnu de nos jours, Antoine Blanc de Saint-Bonnet a marqué son époque et influencé de nombreux écrivains. Figure du mouvement ultramontain, il mérite de figurer au catalogue des éditions Saint-Remi. En effet, il fut considéré dans les milieux légitimistes comme le continuateur de Joseph de Maistre. Il donna aussi sa marque à l’école catholique sociale, de René de La Tour du Pin (Vers un ordre social chrétien) et de Mgr Henri Delassus (Vérités sociales et erreurs démocratiques), jusqu’à Jean Ousset (Pour qu’il règne) et Pierre Virion (Le Christ qui est Roi de France).
En 1851, il réagit à la révolution de 1848 en publiant La Restauration française où il aborde les questions économiques et sociales avec une pertinence que lui reconnaîtront ses opposants sur le plan politique. Ce sociologue s’affirme antilibéral tant en économie qu’en politique. Il s’oppose à l’industrialisme, à la démocratie : il condamne ensemble et le socialisme et le libéralisme. Il prône une rénovation sociale basée sur la nature réelle de l’homme, nature blessée par la faute originelle comme l’enseigne la foi catholique.
Blanc de Saint-Bonnet prend aussi part à la « Querelle des classiques » lancée par l’abbé Jean-Joseph Gaume en faisant imprimer un mémoire titré De l’Affaiblissement de la raison en 1853. Il se prononce en faveur d’un emploi plus étendu des classiques chrétiens et défend les études littéraires qu’il croit menacées par l’envahissement des mathématiques ou des sciences physiques. La première partie de l’opuscule se penche sur la question de la raison et de la manière de s’en servir. Ce sera le point de départ philosophique sur lequel l’auteur développera les futures thèses de l’infaillibilité et de la légitimité.