COMMENTAIRE FRANÇAIS LITTÉRAL DE LA SOMME THÉOLOGIQUE
Réédition fac-simile très soignée des XXI tomes de l'édition originale. Les tomes 1, 4, 8, 9, 10 et 12 ont été subdivisés en 2 volumes chacun. Notre édition compte XXI tomes en 27 volumes.
à mes anciens élèves : « C’est avec vous, chers amis, que ce livre a été vécu ; souffrez que je veuille, avec vous aussi, le revivre. »
C’est une affirmation devenue banale, à force d’être répétée, que la Somme théologique de saint Thomas d’Aquin est le chef-d’œuvre de la pensée humaine mise au service de la Foi. De ce chef-d’œuvre, ainsi que s’exprime le P. Lacordaire, « tout le monde en parle, même ceux qui ne le lisent pas, comme tout le monde parle des Pyramides, que presque personne ne voit ». (Mémoire pour la restauration en France des Frères Prêcheurs, ch. iv.) Mais parmi ceux-là, parmi ceux qui n’ont jamais lu la Somme de saint Thomas et qui en parlent, professant pour elle la plus vive admiration, il en est beaucoup, nous le savons, qui voudraient ne pas se contenter de cette admiration stérile. Ils voudraient pouvoir lire la Somme, la goûter, en jouir. Un double obstacle les en empêche. Pour quelques-uns, pour un grand nombre dans le monde, c’est la langue. La Somme théologique est écrite en latin ; et nous n’en sommes plus au temps où le latin était la langue savante de tous les esprits cultivés. L’usage du latin dans le monde va de plus en plus diminuant. Si bien que tout ouvrage non écrit en langue moderne devient pour beaucoup un livre fermé. Même pour ceux qui entendent le latin, c’est souvent un repos d’esprit, une facilité de travail de pouvoir retrouver en leur langue à eux les pensées des grands génies qui ont nourri le monde de leur doctrine. Pour tous, un second obstacle, plus difficile encore à surmonter (car on avait essayé, ces derniers temps, par des traductions plus ou moins heureuses, de lever le premier), consiste en la marche, ou la méthode, disons, si l’on le veut, le style la Somme théologique. On n’est plus fait à ce style, à cette marche; et si l’on entend les mots, le sens de la phrase, pourtant si claire, et si lumineuse, et si pleine, demeure obscur, ou plutôt voilé et enveloppé. Il y a une écorce qu’il faudrait briser ; sans cela, impossible d’atteindre et de saisir la moelle. — C’est à lever ce double obstacle et, partant, à faciliter la lecture de la Somme théologique pour ceux, très nombreux, qui désireraient s’initier par eux-mêmes et directement à l’œuvre par excellence du génie humain, que nous avons voulu nous appliquer en entreprenant ce travail. Nous ne nous dissimulons pas la grandeur de la tâche. Elle est ardue ; elle est immense. Mais nous l’entreprenons avec confiance, espérant tout du secours divin et de la protection de saint Thomas.