L’ART D’ÊTRE ÉDUCATRICE
« Les éducateurs, la mère surtout, sont des semeurs. Ils travaillent pour demain, non pour aujourd’hui ; non pour un plaisir immédiat, mais pour un bonheur plus reculé, deux termes que trop confondent. L’enfant est une joie charmante dont trop veulent profiter tout de suite. Et pour en profiter, on ne veut même pas voir si quelque ombre la menace. Cette grande joie de l’enfance doit ignorer, pense-t-on, difficultés et contrariétés. De là, tant d’indulgences, de faiblesses et de défaillances dans le devoir qui, plus tard, appellent les larmes maternelles.
Or, pour ne pas verser de pleurs, pour recevoir de vos fils et de vos filles le bonheur qu’ils vous doivent et qui vous enchantera au fur et à mesure que vous vieillirez, le bonheur que ce livre cherche, il n’est qu’un moyen très simple : celui de vous l’assurer, par vos propres soins, dès leur enfance et leur jeunesse... L’échéance en est alors certaine.
Et c’est à quoi tendent, pour eux et pour vous, tous ces chapitres que j’ai groupés et vous dédie. S’il en est moins sur vos filles que sur vos fils, c’est que, pour elles et sur elles, j’ai longuement écrit d’autres livres. Mais ici ou ailleurs, tout est fait, à même la vie, de vos enfants et de vous, de leurs âmes et des vôtres. Et c’est profitable à tous les éducateurs, car l’école et la famille se tiennent.
Il n’y a pas d’éducation là où il n’y a pas des deux côtés une âme qui reçoit et une autre qui donne. Il n’y en a pas non plus si l’on oublie que former un enfant, c’est l’élever, bien moins pour aujourd’hui que pour demain. Cela, c’est le fil conducteur qui relie ces chapitres. Et c’est le grand principe qui distingue tout de suite des autres les vraies mères et les vrais éducateurs. »
L’auteur dans la préface.